Baptiste Charneux et Delphine Gatinois

Sécher le perroquet

Accueilli par l’association La Pierre Longe, le local ouvre son programme par une exposition de Delphine Gatinois et Baptiste Charneux, du 23 mai au 27 juin 2021. Ouverture le 23 mai à partir de 14h.

Centre d’art et de culture de la Pierre Longe, rue d’Armand Guéry 51110 Auménancourt

Baptiste Charneux est né en 1991 et est diplômé de l’École Supérieure d’Arts et Médias de Caen / Cherbourg. Ses œuvres ont été exposées dans diverses institutions telles qu’au Centre d’art contemporain FUTURA, Prague, à La Serre, Saint-Etienne, à la Galerie Szara Kamienica, Cracovie ou encore à la Kunsthalle Bratislava. Il a également participé à certains programmes de résidence tels que Moly-Sabata en France en 2018 ainsi qu’à Residency Unlimited à New York, prévu en novembre 2021. En 2019, il a été nommé en tant que finaliste du Prix Jindřich Chalupecký Award en République Tchèque.

Delphine Gatinois est née en 1985 à Reims et est diplômée de l’École Supérieure d’Art de Metz. De 2013 à 2020, elle réalise plusieurs résidences de création comme la Casa Proal et PAOS GDL au Mexique ou La Villa Pérochon à Niort en France. Son travail est exposé lors du festival Circulations à Paris, aux Voies Off de Rencontres de la photographie d’Arles, à Altitude + en Suisse ou encore à la Biennale de la Photographie à Bamako en 2019. Elle est l’une des lauréates du prix Mécènes du Sud
en 2018 avec son projet La Marchandise du vide où elle croise danse, vidéo et photographie.

Tou·te·s deux originaires de la région, ces artistes l’ont quittée pour développer des pratiques artistiques aussi singulières que multiples, en République Tchèque pour Baptiste Charneux et pour Delphine Gatinois au Mali, au Sénégal, et au Mexique. Aujourd’hui, de nouveau installé·e·s à Charleville-Mézières et à Reims, iels proposent une exposition géographiquement implantée au cœur d’un territoire qu’iels questionnent.

Oscillant entre le macro et le micro, Baptiste Charneux prête une attention particulière aux structures, aux espaces, aux formes, et aux gestes qui les construisent et les composent. Les sculptures en céramique qui résultent de cette étude quasi obsessionnelle questionnent sans cesse les diverses fonctions des objets qui nous entourent. S’ils en sont soudainement dénués, apparaît alors dans le travail de l’artiste leur saisissant potentiel poétique.

Delphine Gatinois développe quant à elle une pratique artistique empreinte d’une forte dimension sociale. Ici comme souvent dans son travail, les relations humaines sont à l’origine d’une image, d’une forme, d’une performance. La volonté de déplacement de l’artiste, tant social que géographique, la pousse à porter son regard sur divers contextes socio-politiques, mystiques ou religieux, et sur les traces parfois invisibles que ceux-ci laissent dans le paysage. Il s’agit alors, pour reprendre le vocabulaire de la photographie, son médium de prédilection, de les révéler.

Dans une grande économie de moyens, portant une attention singulière au territoire dans lequel l’exposition s’implante, tant dans les strates paysagères qui le composent que dans les outils ou les matériaux qui y sont récurrents, Delphine Gatinois et Baptiste Charneux réalisent pour cette exposition un geste symbolique fort au cœur de l’église d’Auménancourt, une nouvelle installation à quatre mains. Celle-ci, composée de caisses de transport de pommes de terres utilisées dans le milieu agricole, accueille leurs œuvres respectives qui ici réaffirment leurs statuts dans un dialogue sensible, interrogeant avec une pertinence malicieuse les notions de production de valeur, de standard ou d’unicité et de mouvements des œuvres d’art. Au delà du motif et de la quasi sacralité que ces caisses « ready made » induisent, il s’agit aussi pour les artistes de chercher un terrain d’entente ou de jeu entre leurs deux pratiques, formellement très éloignées, et qui pourtant adressent aux visiteurs·teuses une invitation à prêter attention aux détails tant géologiques que sociologiques du sol que l’on foule.

Dans l’exposition Sécher le perroquet, la terre, comme matière modelable et comme champ social, leur permet à tou·te·s deux, à travers un travail photographique pour l’une et céramique pour l’autre, d’interroger notre rapport quotidien à l’ici et l’ailleurs et à la plasticité manifeste du monde.